Jour 20 El Burgo Ranero - Mensilla de las Mulas 18.9km

Une heure et demi de marche à la lampe, seul comme le petit pois oublié sous le matelas, c'est aussi bien, même si on est au bout de la Meseta, les routes sont plates et droites.
On vois au loin, tout le tour au nord et à l'ouest la cordillère, que nous allons traverser avec un col à 1500m.
Vers les 10h, j'arrive à Mensilla de las Mulas.
La ville semble sympathique, j'attends l'ouverture de l'auberge municipale "Amigos del pèlégrinos" 4 E.
Mon pied ne me fait pas trop souffrir, mais je le surveille, car il est encore inflammé.
J'ai un début d'ampoule sous le talon gauche, j'y ai mis un pansement pour ne pas qu'elle grossisse plus, c'est ma première (et la dernière).
Pendant ma marche solitaire ,mes pensées se sont envolées vers ma chérie, pis elles n'étaient pas toujours saintes..
C'est dingue comment elle me branche, faut dire qu'elle a ce qu'il faut pour!















La routine du chemin, tous les jours
c'est pareil, seul les décors changent.   Des heures et des heures à penser, la plus part du temps à ma vie au Québec,  
  

toutes les époques y passent, un peu à ma famille en France, mais penser au chemin comme tel? non.
Le chemin, pas besoin de le penser, on est dessus, on le vit, il est régulier, diversifié dans ce que l'on y vois, mais si prévisible, c'est est même rassurant, savoir qu'il y aura toujours une flèche jaune pour nous guider, toujours une auberge  pour nous accueillir, une épicerie pour nos courses, une banque pour les sous.
Puis toujours quelqu'un à qui parler si l'envie se fait sentir.
La machine est très bien rodée depuis des centaines d'années qu'elle fonctionne.
Ce qui pourrait sembler un trip monotone et sans surprise, n'en est pas en un dans les fait, l'intérêt qu'on lui porte est justement ce sentiment d'en faire parti, d'y apporter notre pierre.
Il y a aussi tout ce temps juste pour nous, espace réservé à la réflexion, ce n'est pas donné tous les jours de se permettre cette tranquillité d'esprit, sur le camino, oui, ça nous est donné tous les jours.
Qui a t'il de si particulier à avoir le temps pour réfléchir?
On ne le sent pas tout de suite, mais c'est créatif, un peu comme quand on peint une œuvre ou que l'on écrit un livre.
Impossible de le faire si on ne se ménage ce temps à soi, hors de la vie mouvementé dont on a l'habitude de s'entourer.
Un peu comme l'ermite qui s'isole pour méditer, le même espace nous est donné sur le chemin.
Y faisons nous de grandes réalisations, des changements importants sur notre personnalité?
C'est autre chose, on fait la synthèse de ce que nous vivons, de ce que nous sommes, de nos interactions avec les autres au quotidien.
Ça permet de faire ressortir les choses, les personnes, les directions de vie qui sont les plus significatives pour nous, et possiblement, au retour, ces points deviendront les pierres porteuses de notre chemin.
Le changement, si changement il y a , est très subtil, ce pourquoi il est difficile à cerner, plutôt que de changement, je parlerais d'une plus grande lucidité et peut être, d'un corps qui vibre moins rapidement.
Vivrais je la même expérience sur n'importe quel chemin , ou celui ci est particulier par son histoire et l,empreinte que tous ces pèlerins y ont laissé au cours des âges?
Je pense que n'importe quelle démarche ressemblant à celle ci dans le temps et dans l'espace, apportera ce genre de réflexion.
Quand à savoir si Compostelle a un quelque chose de plus, je ne saurais dire, en tous cas, pas maintenant.
Perso, je n'ai pas rencontré de fantômes sur le chemin, pas encore..
Par contre, je rencontre , ou je vis, de plus en plus de sérénité, ce calme intérieur qui nous emplit par moment, que l'on marche ou que l'on soit assis avec les vieux sur un banc à regarder la vie s'exprimer autours de nous.

Quand je parle de sérénité, l'image de mona dans son jardin me vient à l'esprit (pas dans le temps des moustiques biens sur! :))
Cette femme me donne l'exemple dans ces moments, elle est tellement toute entière à ce qu'elle entreprends, dans ce temps là, parfois je l'envie, une envie qui me pousse  à apprendre à faire les choses simples avec l'intensité  de la concentration, ou du lâcher prise, je ne sais..
Le mots, les idées, les émotions sortent sans réfléchir.
Bon, parlons un peu d'albergue.
Trois types principalement:
-1) Les auberges municipales, 50 à 100 lits en dortoirs de lits superposés, pas chères de 3 E à 5 E, habituellement ne font pas de repas mais sont équipées de cuisine complêtes dont on peut se servir, à condition de nettoyer ses choses.
On y trouve sel,épices,savon à vaisselle,vaisselle, bref tout ce dont on a besoin pour cuisiner, même de l'huile.
Elles sont parfois tenues par des "hospitaleros" des gens de toutes nationalité qui ont déjà fait le chemin et qui viennent passer du temps, bénévolement (ils ont le logement et parfois le repas fournis).
C'est fou de voir comment le monde s'organisent bien, tout reste propre (à ce que j'ai vu).
Certaines sont "donativo"
_2) Les auberges privées, de grandeur variées, 10 à 30 lits, parfois des dortoirs, parfois des chambres à lits simples, et parfois des chambres privées (+cher), souvent ils offrent une cuisine équipée, et parfois aussi ils font des repas et déjeuners, il est bon de réserver pour les repas.
Alors que dans les publiques on ne peut pas réserver pour la nuitée, dans les privées c'est possible.
Coté propreté elles se valent, j'ai trouvé ça très propre en Espagne.
-3) Les hôtels. Restaurants à même, les prix commencent à 25 E en montant.
 Il y a beaucoup d'auberges qui sont tenues par des religieux, c'est plus strict , hommes-femmes souvent séparés, je ne les ai pas essayés.
Les dortoirs sont souvent mixtes, les douches individuelles, ne posent pas vraiment de problème.
Bien sur, sur un dortoir de 50, comptez au moins 10 bons ronfleurs, aussi, les bouchons de cire sont très utiles.
On fini par bien dealer avec cette promiscuité, même si au début c'est un peu lourd.
Pour les repas, le petit déjeuner est souvent offert dans les auberges (environ 2 E), on peut aussi le prendre dans les bars qui parfois ouvrent dès 6h, mais il faut vérifier avant, c'est très variable.
Le diner et le souper peuvent se faire dans les cuisines des auberges, quand c,est offert, faire ses provisions aux épiceries, souvent fermées entre 14h et 17h, ou se payer le menu du pèlerin offert partout à un cout variant de 8 E à 12 E.
La nourriture, les cigarettes la boisson du pays sont moins chers qu'au Québec, l'hostellerie aussi.
On trouve internet presque partout, haute vitesse pour la plus part, à des coûts moyens de 1 E les 20 minutes.

Parfois j'imagine la vie des pèlerins, il y a 200 ou 300 ans, à l'époque ce devait être un voyage parfois dangereux et difficile.
J'imagine qu'il devait y avoir une grande solidarité rurale comment es ce possible autrement?
Un peu partout il y avait des "hospitals", pour pèlerins, les blessures devaient être sérieuses, surtout qu'ils marchaient pour la plus part en scandales sur des chemins caillouteux, l'hygiène devait être déficient.
C'est beau de voir tous ces gens vivre dans les même lieux sans jamais se heurter , et là on parle parfois de 70 personnes qui partagent logement, cuisine et installations sanitaires avec comme tout personnel, un ou deux hospitaleros, surtout là pour l'inscription d'arrivée.
Je pense que le mixe des nationalité y est pour quelque chose, mettez que des Espagnols ensemble ou mixez 5 nationalité dans le même espace de vie, la chimie est différente.
Poème à Mona-mour:

Sur le chemin, tous les jours je pense à toi

À tes lèvres je m'abreuve,

Ton sourire est mon pain du matin

Dans tes yeux je puise la force

Ta main est mon baton.

La force qui m'habite, tu en fais partie
Tu alimente mes pensées coquines.
Avec toi, je partage ma vie,
Sans toi, ce chemin ne serait pas
La solitude n'existe plus,
Ma vie est une coupe pleine,
Pleine de l'amour que j'ai pour toi.
Et comme disait le poète,
Jouir une fois, c'est bien, deux c'est mieux!

Et pour changer de registre

J'aime tes seins, tes mamelons coquins,
Ton cou sensuel, tes oreilles charmantes,
Tes yeux amoureux, tes lèvres gourmandes,
Tes jambes, autoroutes de l'amour
...ok, pour le reste, vous êtes encore trop jeunes! :))

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